Quand la Commission Européenne a lancé le « Green Deal » pour l’Europe en décembre 2019 ; elle a présenté un projet ambitieux pour le contient avec l’objectif d’effectuer une transition vers un avenir économique durable. Décrit comme « le premier pas sur la lune de l’Europe » il a exposé son ambition d’être le premier continent neutre en carbone d’ici 2050.

Quatre ans plus tard, la feuille de route définie par le « Green Deal » a apporté des changements significatifs, et aujourd’hui, l’Europe est sans aucun doute le pionnier mondial dans la transition vers une économie circulaire et à faibles émissions de carbone.

Mais à mesure que le changement climatique s’accélère et que nous nous rapprochons de plus en plus de l’échéance de 2050, une chose est claire : contrairement à l’atterrissage sur la lune, la destination finale de l’Europe est encore inconnue et si le « Green Deal » doit être un succès tout aussi historique, le défi résidera dans les détails.

QU’EST-CE QUE LA TAXONOMIE DE L’UE ? QUEL EST SON LIEN AVEC L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE ?

La taxonomie de l’UE, la classification des activités durable de l’Europe, est l’endroit où aller creuser dans les détails. Elle étaye le « Green Deal » en définissant des normes pour que les activités économiques puissent être classées comme écologiquement et socialement durables, dans le but d’orienter les flux de financement vers ces activités. Faciliter la transition vers l’économie circulaire est l’un de ses objectifs principaux. Elle pourrait ainsi aider à débloquer les milliards de dollars de financement nécessaires à la démocratisation de la circularité.

Le développement récent d’une politique de taxonomie fait parler au sein des adeptes de l’économie circulaire, avec l’arrivée de nouvelles directives établissant des critères pour déterminer si certaines activités économiques apportent une « contribution conséquente à la transition vers l’économie circulaire » – une transition qui pourrait rapporter jusqu’à 1,8 milliards d’euros pour l’économie de l’UE d’ici 2030.

D’UNE NOTE DE BAS DE PAGE À UN THÈME CLÉ

Ce qui a attiré mon attention, c’est la réémergence de Product-as-a-service (PaaS) en tant que thème majeur pour l’UE et levier important dans la réussite de la transition vers l’économie circulaire.

En 2020, le PaaS avait été mentionné brièvement dans le cadre des 35 actions prévues dans le Plan d’Action pour l’Economie Circulaire (un composant majeur du « Green Deal » de l’UE), mais lors de la mise à jour de la taxonomie, l’UE a indiqué prioriser le PaaS en tant que mécanisme de réalisation de l’économie circulaire, cela donnera avant tout aux organisations les critères dont elles ont besoin pour la mettre en œuvre avec succès.

Les nouvelles lignes directrices définissent les modèles de Product-as-a-service comme « fournissant aux clients un accès à des produits à travers un service qui est soit axé sur l’utilisation, où le fournisseur est propriétaire et le produit est en leasing, partagé, loué ou mis en commun ; soit axé sur le résultat, où le paiement est prédéfini et le résultat convenu est livré (c.-à-d. payé par unité de service) » (p. 67).

Elles listent ensuite un éventail de catégories de produits manufacturés qui pourraient être alignés, notamment le textile, l’électronique, le mobilier et bien plus encore (p.67). C’est un premier pas vers la reconnaissance de l’étendue des possibilités que les modèles PaaS peuvent offrir.

Cependant, la liste est loin d’être exhaustive, avec les omissions notables de la technologie médicale, des machines agricoles, des équipements de construction et des automobiles. La plupart, sinon la totalité des secteur manufacturiers sont transformés par une digitalisation croissante et rapide, ce qui signifie des produits qui deviennent obsolètes du jour au lendemain. Dégager le maximum de valeur des ressources via des modèles circulaires comme le PaaS est donc primordial. Les directives seront surement étoffées dans les futures mises à jour pour inclure les possibilités infinies que les Product-as-a-service peuvent offrir à une multitude d’industries.

Les directives énoncent également les critères que les modèles PaaS doivent respecter pour être considérés comme apportant une contribution significative à l’économie circulaire. Tout d’abord, l’activité doit « permettre au client d’accéder et d’utiliser le(s) produit(s) tout en s’assurant que l’entreprise fournissant le service, comme un fabricant, un spécialiste ou un détaillant reste le propriétaire » (p. 67).

LE RÔLE DE L’INDUSTRIE DU LEASING DANS L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE

C’est un appel aux armes pour l’industrie du leasing, qui a un rôle important à jouer pour aider les organisations à mettre en œuvre des systèmes qui facilitent la transition circulaire. Nous, locateurs, avons ici l’opportunité de nous appuyer sur notre expertise au sujet de la valeur résiduelle des actifs (ce qui favorise intrinsèquement la préservation des actifs et de leur valeur) afin d’offrir à nos clients une vaste gamme de services couvrant tout le cycle de vie d’un actif, des outils de gestion des actifs à l’analyse des données, au service de maintenance et à l’élimination durable en fin de vie.

Il est également intéressant de noter que les lignes directrices indiquent qu’une vie économique utile allongée grâce, par exemple, à la réparation/remise en état ou à une plus grande intensité d’utilisation (par exemple services de voitures partagées) sont deux types de conséquences positives permises par des modèles de PaaS et qui favoriseront la transition vers l’économie circulaire (p. 68). De toute évidence, les résultats de chacune de ces approches sont très différents parce qu’habituellement, plus un produit est utilisé intensément, plus sa durée de vie est courte.

Cela encourage fortement les organisations à s’éloigner des modèles de propriété traditionnels et à travailler avec des bailleurs, qui prônent l’optimisation de la durée de vie d’un actif plutôt que son utilisation au-delà de sa vie utile, pour se retrouver avec des composants de faible valeur avec peu de possibilités de réutilisation. Lorsqu’ils sont gérés correctement, les actifs peuvent fournir une valeur maximale aux organisations au cours de leur premier cycle de vie, être durablement et en toute sécurité remis à neuf et alimenter le marché de l’occasion avec des produits de haute qualité. C’est la marque de fabrique d’une économie véritablement circulaire.

Seulement trois ans après avoir été une simple note en marge dans le « Green Deal » de l’UE, le PaaS est maintenant explicitement inclus dans la taxonomie de l’UE, ce qui représente une grande avancée positive. Il reste encore beaucoup à faire pour créer un cadre favorable à une économie véritablement circulaire et donner aux investisseurs et aux entreprises les outils dont ils ont besoin pour mettre en œuvre des solutions circulaires.

La mise en place de ces paramètres permettra à l’UE d’accroître ses investissements durables, d’empêcher le greenwashing et d’aider les organisations à développer un commerce plus durable et plus sûr. Encadrons correctement ce « détail » et le ciel sera vraiment la limite.

Andrey Maramzine, Chief Sustainability Officer, BNP Paribas Leasing Solutions